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L'Ecole en Eventail

1. Présentation

Les Ateliers en Eventail sont un projet de soin de dynamique de groupe au moyen de la mise en jeu et de l’expression théâtrale. Il a été pensé par deux intervenantes spécialisées : Marie-Adèle Hemmer et Delphine Tschopp.

Lors de leur travail en tant que médiatrice scolaire (Marie-Adèle Hemmer) et enseignante spécialisée (Delphine Tschopp) dans divers établissements primaires et cycles d’orientation, elles ont pu observer des dynamiques de groupe et des besoins individuels (trouver sa place, adopter un comportement adéquat, prendre conscience de ses compétences, se faire confiance, faire face aux difficultés amenées par sa situation de vie, s’adapter à la vie de groupe et à ses enjeux). Ces caractéristiques tendent à se retrouver quel que soit l’environnement et l’âge des personnes.

Ces constats les ont amenées à penser un projet qui utiliserait la force du collectif pour prendre soin de l’individuel. Elles sont convaincues qu’un travail en groupe basé sur des interventions artistiques amène chaque individu dans le groupe à se sentir mieux ensemble et à être mieux disposés pour des apprentissages et la vie en communauté.

Au printemps 2019, ce projet a été présenté à l’Etat de Fribourg et a été intégré dans les mesures SED dans le cadre d’un projet pilote. L’année scolaire 2019-2020 a permis de tirer un premier bilan.

Les Ateliers en Eventail, c’est quoi ?

Les Ateliers en Eventail s’adressent aux groupes dont la dynamique présente des signes dysfonctionnels. Cette mesure vise à élargir les capacités de collaboration et de communication pour le groupe et la pensée créatrice pour chaque individu. L’objectif principal de ce projet est de sortir des rôles préconstruits et de transformer les dynamiques délétères en mouvements constructifs et collégiaux. 

« Lorsque je touche un élément d’un mobile, c’est tout le mobile qui est mis en mouvement »

Au moyen de l’expression théâtrale et de la mise en jeu, cette mesure ambitionne de mettre en route, dans un cadre contenant et sécurisant, un processus créatif et symbolique. Dans une dynamique systémique, chaque individu découvre et fait voir des facettes de sa personnalité qu’il n’a peut-être encore pas révélées. Le regard porté sur les autres se modifie également. Le jeu théâtral permet une démarche systémique : en modifiant un aspect des enjeux présents dans la classe, c’est tout le système qui se voit changé.

 

Ce projet se veut original par le fait qu’il s’adresse au groupe dans son entier et qu’il instaure un processus. En collaboration avec les équipes éducatives, il a l’ambition de favoriser le bien-être au sein des établissements. Le ou les référent(s) assiste(nt) à tout le processus. Ils sont impliqués dans la démarche en tant qu’observateurs.

 

Le nom éventail a été choisi en métaphore car, selon l’usage, un éventail est un objet utilisé pour induire un courant d’air dans le but de se rafraichir ou d’attiser les braises. Il est attesté dès l’Antiquité non seulement pour s’éventer mais aussi comme vecteur de messages ou alors comme accessoire de mode et de théâtre. 

« Le symbole de l’éventail est parlant. Je pense qu’il a parlé à la classe.» (Une enseignante)

 

Cadre théorique et outils

Nos outils théoriques et pratiques sont le jeu théâtral et le conte. Le type d’activités peut être listé comme suit : contes, jeux collaboratifs, jeux de scène, activités symboliques, jeux de rôle. 

Le jeu théâtral crée une nouvelle réalité et un espace-temps différent. Par le faire-semblant, le « comme si », une distance avec la réalité s’installe. L’espace de fiction permet alors d’expérimenter des dynamiques nouvelles, de se découvrir différent de ce que l’on montre habituellement. Petit à petit, des façons d’être nouvelles peuvent être transposées dans la réalité. De nouveaux mouvements sont expérimentés et peuvent dès lors s’installer dans le groupe. Le travail par le biais du théâtre mobilise la personne dans son entier (corps, émotion, voix, imaginaire, ressenti, concentration, etc.). Contrairement au théâtre classique où l’on « interprète des textes », dans ce contexte les participants partent de leur rôle. Il leur est proposé de jouer des situations fictives et réelles et d’inverser les rôles. 

 

Le conte peut amener une transformation en profondeur et en métaphore pour exprimer certains enjeux de groupe. Schématiquement, le récit imaginaire permet d’établir des connexions entre les données conscientes et le contenu imagé. Se plonger dans l’imaginaire permet à la personne de réorganiser les éléments du réel en quelque chose de nouveau. A travers les personnages du conte, l’enfant peut se connecter et se mesurer à ses différentes émotions : une violence enfouie peut s’extérioriser par le simple fait qu’un personnage imaginaire agisse violemment. Ce que l’enfant voit, c’est ce qu’il a en lui, parfois enfoui.  Le conte tisse des liens entre le visible et l’invisible.

 

Les participants arrivent en étant dans ce qu’on peut appeler la réalité ordinaire (RO). Le déroulement de la séance les amène dans la réalité dramatique (RD), espace de fiction. A l’intérieur de celle-là, les bénéficiaires expérimentent avec différents moyens : jeux permettant le lien à soi (E), activités en projection telles que dessin, marionnettes (P) ou des jeux de rôle (R). Après une activité de clôture, les participants reviennent à leur réalité, enrichis des expériences qui ont eu lieu dans la réalité dramatique. ​

2. Bilan du projet pilote dans des classes fribourgeoises

Une intervention sur le groupe mêlant expression théâtrale, mise en jeu et voyage métaphorique est porteuse. Les cages thoraciques s’ouvrent, on réapprend à être en lien avec ses émotions et avec celles des autres. Ce temps de respiration s’avère bénéfique pour les classes dont la dynamique a été prise dans une telle spirale d’événements bizuteurs que seule une intervention de ce type, échelonnée sur 8 semaines, pouvait enrayer, sur un temps défini. Les réactions et les bénéfices pour chaque élève seront différents. Mais le processus aura été lancé et s’étendra ou non.

D’un point de vue général, nous remarquons que le recours au conte est tout à fait adéquat et bienfaisant. Au moment de s’asseoir pour écouter ce qui sera raconté, les élèves se relâchent et s’adonnent généralement à un moment de calme. De plus, les métaphores ont montré être porteuses de sens pour la plupart des élèves : 

« J’ai beaucoup aimé les images utilisées dans les contes. Je pense que ça a aidé certains enfants à mieux comprendre les messages » (Une enseignante) 

Le travail en lien avec les émotions est constamment présent. Nous accompagnons les élèves afin qu’ils puissent faire un pas dans l’évolution de leur conscience émotionnelle (ressentir, différencier, nommer et développer ainsi sa capacité d’empathie et d’interaction avec les autres). Le travail autour du « faire comme si » permet d’explorer sa propre capacité à reconnaitre les émotions chez soi et chez les autres et à s’amuser à se mettre à la place d’un autre. A travers le jeu, la prise de conscience est forte et durable.

 

A la fin de chaque séance, les élèves gardent une trace symbolique des ressources travaillées et/ou expérimentées. Ainsi, à la séance de clôture, ils rassemblent ces éléments sur leur part d’éventail. Ceci permet l’intégration du processus. Chaque brin d’éventail est relié à l’éventail de la classe figurant ainsi la place de chacun. Cet objet est ensuite affiché dans la classe. Chaque élève peut continuer à faire des liens entre les expériences qu’il vit et ce qui a été travaillé durant les ateliers. Le processus se poursuit et fait son chemin au rythme de chacun.

Ces interventions pilotes ont été riches d’échanges et d’enseignements. Les élèves ont pu, par le biais des questionnaires, nous faire des retours constructifs et généralement positifs. Beaucoup évoquent le plaisir d’avoir pu explorer les émotions et cela au travers de jeux. Nos échanges avec les enseignantes titulaires ont démontré une satisfaction dans la qualité de notre communication et l’intérêt d’un travail de ce type avec leurs élèves. Ces deux classes affirment être satisfaites d’avoir fait appel à nous. 

« J’ai l’impression que la plupart des élèves ont appris quelque chose sur les rôles différents qu’ils peuvent endosser » (une enseignante)

« Merci de nous avoir laissées dans une position d’observatrices. C’est une chance de pouvoir réellement observer ses élèves sans devoir gérer l’animation. » (Une enseignante)

3. Conclusion

La volonté des Ateliers en Eventail est de prendre soin de tous, sans s’attarder sur les étiquettes ou les diagnostics donnés, tout en considérant les différences. Plusieurs formules sont envisageables pour le durée de l’intervention. Nous pensons sincèrement que des interventions mêlant l’expression théâtrale et le vivre ensemble permettent d’augmenter le bien-être de tous. 

Nous vous présentons volontiers ce projet avec plus de détails et restons bien évidemment à disposition pour toutes informations complémentaires.

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